Wakanga / Burkina Faso
Question : Est-ce que les Burkinabè se sentent assez protégés contre l’insécurité dans leur pays ?
Le Burkina Faso est plongé, depuis la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014, dans une instabilité sociopolitique. Cette situation a entraîné une série d’insurrections populaires et d’importantes dissensions au sein du système sécuritaire burkinabè. Les différents processus de transition fragiles ont exacerbé un climat d’insécurité au niveau national marqué par des divergences entre une partie de l’armée et les autorités politiques de la transition.
Alors que le Burkina Faso tentait de rétablir et réformer le système sécuritaire, le coup d’Etat militaire de septembre 2015 a semblé ouvrir l’ère des attaques terroristes en 2016.
Ainsi, selon les derniers résultats d’une enquête d’opinion menée par Afrobarometer, les Burkinabè jugent leur état de sécurité en fonction de leur localité d’habitation ou d’origine. En réalité, plus de 90% des citoyens reconnaissent que la situation sécuritaire est critique dans plusieurs localités du pays, même si à Ouagadougou et dans les grandes villes, la tendance reste relative.
L’adoption de la loi instituant la création en 2020 des Volontaires pour la défense de la Patrie renseigne sur la demande sociale pour une protection contre l’insécurité.
Au regard des déplacées internes estimées à plus de 1 700 000 personnes dont 60,40% d’enfants au 30 septembre 2022 (Ocha), le niveau de sécurité s’est dégradé, en à croire la majorité des Burkinabè.
Cependant, certains citoyens estiment que la proportion des Burkinabè qui disent qu’ils ont craint une attaque armée par des extrémistes politiques ou religieux a diminuée depuis la tenue du Forum national sur la Sécurité, du 24 au 26 octobre 2017 à Ouagadougou.
Et malgré les attaques terroristes de plus en plus fréquentes et de plus en plus meurtrières, une enquête comparative d’Afrobarometer selon les régions montre que dans la région de l’Est seulement[1] 28% déclarent n’avoir jamais craint une telle attaque, contre plus de 80% dans les régions du Centre et du Plateau Central.
En effet, une large proportion de Burkinabè considèrent que le niveau sécuritaire diffère souvent selon qu’ils sont dans des zones fortement ou peu impactées par le terrorisme.
Par exemple, l’enquête d’Afrobarometer révèle que dans le Nord-ouest du Burkina Faso, près de la frontière avec le Mali, comme dans le Centre-nord, les populations continuent de fuir à cause de la situation sécuritaire très préoccupante.
Toutefois, une certaine minorité soutient se sentir en sécurité dans la capitale, Ouagadougou, non sans admettre que la plupart des Burkinabè ne se sentent pas en sécurité à cause du phénomène du terrorisme dans plusieurs zones.
Cette situation d’extrémisme terroriste interpelle le nouveau gouvernement de transition installé suite au deuxième coup d’état militaire du 30 septembre 2022, huit mois seulement après celui du 24 janvier.
L’urgence est d’œuvrer, à court terme, à l’adoption de la stratégie de sécurité nationale (SSN) et de la loi portant organisation de la sécurité nationale.
Afrobarometer est un réseau panafricain et non-partisan de recherche par sondage qui produit des données fiables sur les expériences et appréciations des Africains relatives à la démocratie, à la gouvernance et à la qualité de vie. Huit rounds d’enquêtes ont été réalisés dans un maximum de 39 pays depuis 1999. Les enquêtes du Round 9 (2021/2022) sont en cours. Afrobarometer réalise des entretiens face-à-face dans la langue du répondant avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale.
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