Le ministère de l’Intérieur du Gabon a annoncé la victoire du général Brice Oligui Nguema, président de transition, à l’élection présidentielle organisée samedi dernier, avec un score impressionnant de 90,35 % des voix. Ce triomphe survient 19 mois après le coup d’État militaire qui a mis fin à plus de 50 ans de règne de la famille Bongo.
Lecture des résultats et taux de participation
Nguema a obtenu 575 222 voix sur 610 747 électeurs. Le taux de participation a atteint 70,4 %, un chiffre supérieur à celui de l’élection controversée de 2023. Son principal rival, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dernier Premier ministre sous Ali Bongo, n’a recueilli que 3,2 % des suffrages. Le reste s’est réparti entre six autres candidats.
Ces résultats, bien que massifs, suscitent des doutes sur la compétitivité réelle du scrutin, notamment en l’absence d’une observation internationale indépendante.
Du militaire au président civil
Nguema a pris le pouvoir en août 2023 à la suite d’un coup d’État dénonçant des fraudes électorales. Son accession à la présidence par les urnes, avec un taux aussi élevé, interroge sur l’indépendance des institutions et la sincérité du processus.
Une réforme constitutionnelle contestée
En novembre 2024, un référendum a validé une nouvelle constitution avec 91 % de « oui ». Celle-ci limite le mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une seule fois. Si certains y voient un pas vers la démocratie, d’autres craignent une consolidation du pouvoir sous une nouvelle forme.

Réactions internationales
Des ONG comme Human Rights Watch et Amnesty International ont exprimé leurs inquiétudes face au climat politique, citant des restrictions aux libertés et un contrôle militaire persistant. L’Union africaine, bien qu’ayant salué le déroulement du scrutin, a exhorté le Gabon à garantir une transition véritablement inclusive.
Vers quelle gouvernance ?
Malgré des promesses de réformes, l’avenir du Gabon dépendra de la capacité du président élu à instaurer une gouvernance démocratique réelle, à lutter contre la corruption et à respecter les contre-pouvoirs. Le risque d’un régime autoritaire reste présent.
