La province du Sourou, dans l’ouest du Burkina Faso, a été le théâtre d’un carnage sans précédent après le retrait des forces régulières, ravivant les inquiétudes sur l’effondrement sécuritaire du pays.
Ouagadougou —
Environ 200 personnes ont été tuées jeudi dernier lors d’attaques sanglantes perpétrées par des hommes armés dans trois villages de la province du Sourou, située à l’ouest du Burkina Faso. Selon Radio France Internationale (RFI), ces massacres interviennent quelques jours seulement après le retrait des troupes régulières qui traquaient des groupes armés dans la région.
Les témoins affirment que les assaillants ont pris pour cible des civils, notamment des jeunes récemment intégrés dans les groupes de défense locale (VDP), qui appuient l’armée burkinabè dans sa lutte contre les groupes djihadistes.
« Il y avait un accord de non-agression avec les groupes armés, mais les milices accusent désormais les villages d’avoir rompu ce pacte en collaborant avec le gouvernement », confie un habitant joint par téléphone, sous couvert d’anonymat.
Les villages touchés avaient pourtant, selon plusieurs sources locales, conclu une trêve fragile avec les groupes armés opérant dans la région. Cependant, les accusations de collusion avec les forces gouvernementales auraient justifié ces représailles meurtrières, selon les assaillants.
Cette nouvelle vague de violence survient dans un contexte déjà tendu : il y a seulement quelques semaines, une autre attaque dans la région de Solenzo avait coûté la vie à plus de 50 personnes, majoritairement issues de l’ethnie peule.
La situation sécuritaire au Burkina Faso ne cesse de se dégrader depuis le début de la crise en 2015. Les forces de sécurité, malgré l’appui de milices locales, peinent à contenir l’expansion des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Le retrait partiel de l’armée dans certaines zones semble aggraver la vulnérabilité des populations rurales.
Selon des organisations humanitaires, plus de 2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, tandis que l’accès humanitaire reste limité dans de nombreuses régions.
Alors que le gouvernement militaire de transition promettait de restaurer la sécurité à travers une stratégie musclée, ces nouvelles tueries remettent en question son efficacité et suscitent des appels renouvelés à une solution politique durable et inclusive pour ramener la paix au Burkina Faso.
