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Afrique du l’Ouest et Sahel

Du sang sous les ailes des drones : les Touaregs entre les frappes de Wagner et les drones turcs au Mali

Dans le village reculé d’Amasrakad, au cœur de la région de Gao, Fatimata Aguel Anta préparait le dîner pour ses enfants lorsque le silence de la nuit fut brisé par un bourdonnement inquiétant. Ce n’était pas le vent, ni des pas ennemis, mais bien le vrombissement d’un drone qui planait au-dessus du village.

Quelques secondes plus tard, une explosion a réduit sa maison en cendres. Son plus jeune fils est mort sur le coup. “Nous n’étions pas des terroristes… nous essayions simplement de vivre”, murmure-t-elle depuis le camp de réfugiés où elle a été emmenée.

Les drones turcs… un outil de guerre détourné

Au fil des dernières années, le Mali a renforcé sa coopération militaire avec la Turquie, recevant plusieurs modèles de drones armés, notamment les Bayraktar TB2 et les Bayraktar Akıncı. Présentés comme un moyen de lutte contre le terrorisme, ces drones ont pourtant semé la peur dans les régions touarègues.

En janvier 2024, six nouveaux drones ont été livrés à Bamako, mais à Amasrakad et Douentza, on comptait déjà les morts, majoritairement des civils innocents.

Wagner… la main invisible derrière les frappes

Des rapports crédibles indiquent que les mercenaires russes du groupe Wagner, de plus en plus actifs au Mali, participent activement à la coordination, voire à l’opération directe de ces drones. En juin 2024, dans la commune d’Abeïbara, des frappes successives ont fait au moins 70 morts, tous civils touaregs, dans ce qui a été qualifié par certaines ONG de “campagne de nettoyage ethnique”.

“Tout ce que nous voulons, c’est ne pas mourir en silence”

Mohamed Ankaoual, chef de village de Tin-Essako, se souvient de l’attaque du marché local : “Nous avons vu le drone… et puis l’explosion. Mon petit-fils de 9 ans est mort devant mes yeux.” Ce type de tragédie s’est répété dans de nombreuses localités touarègues, souvent sans explication ni reconnaissance officielle.

L’impunité et le silence

Face à ces massacres, les autorités maliennes gardent le silence. Les ONG internationales, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch, réclament des enquêtes indépendantes et transparentes, sans réponse à ce jour. La Turquie, quant à elle, continue de livrer du matériel militaire à Bamako, sans condition apparente.

Conclusion : le ciel n’est plus bleu

Au Mali, le ciel est devenu une menace. Les drones, censés être des armes de précision, sont utilisés sans contrôle réel. Et les Touaregs, marginalisés depuis des décennies, paient aujourd’hui le prix le plus élevé.

“Nous ne sommes pas des ennemis. Nous sommes des survivants”, conclut Fatimata, les yeux perdus dans le vide.

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