Les relations entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) connaissent une montée des tensions depuis les coups d’État militaires qui ont renversé les gouvernements élus. Cette crise met en lumière un conflit complexe entre la souveraineté nationale et les pressions régionales, alimenté par des facteurs historiques, sécuritaires, économiques et politiques.
L’héritage colonial joue un rôle central dans cette dynamique. La France, ancienne puissance coloniale, conserve une influence économique et militaire significative dans ces pays, ce qui alimente un sentiment anti-français croissant. Les juntes militaires au pouvoir cherchent à affirmer leur souveraineté et à réduire cette emprise, en diversifiant leurs alliances stratégiques vers des partenaires comme la Russie et la Chine. Cette évolution traduit une volonté de rupture avec l’ordre régional traditionnel.
Sur le plan sécuritaire, la région du Sahel est confrontée à une recrudescence des attaques terroristes perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les tensions internes exacerbent l’instabilité, notamment à travers des conflits intercommunautaires. L’imposition de sanctions économiques par la CEDEAO a eu un impact direct sur la capacité de ces États à faire face aux défis sécuritaires, limitant leurs ressources et affectant les populations locales.
L’économie des trois pays repose principalement sur l’exploitation des ressources naturelles telles que l’uranium, l’or et le pétrole, les rendant vulnérables aux chocs extérieurs. Les sanctions économiques ont entraîné une flambée des prix et des pénuries de produits de première nécessité, aggravant la précarité des populations. En réponse, ces États cherchent à renforcer la coopération économique entre eux et à développer de nouvelles alliances commerciales avec des puissances émergentes.
Le retrait officiel du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO représente un tournant majeur. Ces pays estiment que l’organisation régionale ne défend plus leurs intérêts mais sert plutôt des agendas extérieurs. Malgré les efforts diplomatiques de la CEDEAO pour les convaincre de revenir sur leur décision, les discussions n’ont pas encore abouti à des résultats concrets. Une période de six mois leur a été accordée pour reconsidérer leur position, mais l’issue de cette crise demeure incertaine.
Ce retrait remet en question l’autorité de la CEDEAO et affaiblit son rôle dans la région. L’Afrique de l’Ouest devient ainsi un terrain de rivalité entre puissances internationales, où la France tente de préserver son influence face à l’expansion de la Russie et d’autres acteurs. Cette situation accroît les risques d’instabilité, avec des répercussions sur la sécurité internationale, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et de gestion des flux migratoires.
L’avenir des relations entre la CEDEAO et ces trois pays dépendra de la volonté des parties à privilégier le dialogue et la coopération. L’Union africaine pourrait jouer un rôle clé dans la médiation pour éviter une fracture définitive. Par ailleurs, la nécessité de renforcer la coopération sécuritaire entre les États du Sahel s’impose comme une priorité pour contrer les menaces communes.
La crise actuelle marque un tournant dans l’histoire politique et géopolitique de l’Afrique de l’Ouest. Entre aspirations souverainistes et pressions régionales, ces pays sont à la croisée des chemins. Reste à savoir si une solution diplomatique pourra être trouvée ou si la région s’achemine vers une fragmentation accrue. Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest.
