Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a condamné mardi l’attaque récente contre une mosquée dans le village de Kokorou, à l’ouest du Niger.
Au moins 44 fidèles ont été tués et 20 autres blessés lors de l’attaque survenue vendredi.
Selon un communiqué du ministère nigérien de la Défense, des assaillants appartenant au groupe appelé État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) – une filiale de l’État islamique (EI) – ont encerclé la mosquée de Fambita et ont ouvert le feu au hasard sur les fidèles.
Ils auraient ensuite incendié un marché ainsi que plusieurs habitations.
“L’attaque odieuse contre la mosquée de Fambita – survenue pendant la prière du vendredi, dans les dix derniers jours du mois sacré de Ramadan – visait clairement à provoquer un maximum de victimes civiles”, a déclaré Türk.
Cela constitue “une violation flagrante du droit international des droits de l’homme et du droit humanitaire”, a-t-il ajouté.
Il a appelé à l’ouverture d’une enquête impartiale afin de traduire les responsables en justice.
Une situation sécuritaire préoccupante dans la région du Sahel
L’attaque survient dans un contexte de dégradation générale de la sécurité dans l’ensemble de la région du Sahel.
Ces dernières années, le Sahel a connu une montée spectaculaire de la violence, notamment avec l’expansion de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.
Cette dynamique a débuté avec la rébellion touarègue de 2012 au Mali, qui a permis à ces groupes de prendre le contrôle de vastes territoires dans le nord du pays.
Depuis lors, la violence s’est propagée aux pays voisins, notamment au Niger et au Burkina Faso, et plus récemment à certains États côtiers de l’Afrique de l’Ouest.
La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, a qualifié le Sahel de “point zéro” pour l’une des crises sécuritaires les plus brutales au monde.
Malgré les efforts des États membres, le nombre de décès liés au terrorisme dans la région a dépassé les 6 000 par an pendant trois années consécutives, représentant plus de la moitié des victimes enregistrées dans le monde.
Türk a déclaré que l’“attaque calculée” contre la mosquée de Fambita devait servir de signal d’alarme pour tous, y compris pour la communauté internationale, afin de mesurer la gravité de la situation et les risques croissants auxquels sont confrontés les civils au Niger.
Un contexte politique marqué par l’instabilité
Les gouvernements de la région peinent à rétablir la sécurité, ce qui a contribué à une série de coups d’État militaires : deux au Mali, deux au Burkina Faso et un au Niger entre 2020 et 2023.
Ces pays restent sous régime militaire malgré la pression régionale et internationale pour organiser des élections.
Le Haut-Commissaire a exhorté les autorités nigériennes à prendre des mesures significatives pour améliorer la sécurité des civils.
Il les a également appelées à mettre en place des actions efficaces pour garantir le respect des droits de l’homme et de l’État de droit.
Enfin, Türk a insisté sur la nécessité d’impliquer les communautés affectées dans la recherche d’une solution durable à la crise des droits humains qui secoue actuellement le pays.
