Un hélicoptère transportant le président iranien EbrahimRaïssi et de hauts responsables s’est écrasé dimanche 19 mai 2024 après-midi dans le Nord-Ouest de l’Iean.
Selon l’Agence de presse iranienne (IRNA), le président Raissi revenait d’une cérémonie d’inauguration d’un barrage à la frontière iranienne avec l’Azerbaïdjan lorsque son hélicoptère s’est écrasé à l’atterrissage dans la région de Varzaqan.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, le gouverneur de la province de l’Azarbaïdjan oriental, Malek Rahmati, le chef de la prière du vendredi de Tabriz, Hojjatoleslam Al Hashem et d’autres personnes se trouvaient également à bord de l’appareil.
Le correspondant de l’IRNA indique que des équipes de secours et d’assistance ont été envoyées dans la région et que les opérations de recherche se poursuivent. Le temps brumeux et l’impraticabilité de la zone ont rendu les opérations de recherche difficiles.
Celles-ci se poursuivent dans la nuit de dimanche à lundi dans le nord-ouest de l’Iran pour retrouver l’hélicoptère transportant le président Ebrahim Raïssi qui a été victime d’un « accident », selon des responsables et des médias officiels.
L’évolution de la situation est suivie avec attention à l’international, notamment aux Etats-Unis et en Russie, alors que l’Iran est un acteur majeur au Moyen-Orient, une région secouée par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas.
« Nous suivons de près les informations », a indiqué à AFP un porte-parole de la diplomatie à Washington.
A la demande de Téhéran, Moscou a annoncé envoyer en Iran une cinquantaine de spécialistes des opérations de sauvetage, des véhicules tout-terrain ainsi qu’un hélicoptère. Le président Vladimir Poutine s’est entretenu avec l’ambassadeur d’Iran en Russie, selon l’agence de presse officielle Tass.
Le lieu de l’accident n’était pas « encore localisé » en milieu de nuit alors que les secouristes avançaient dans des « conditions difficiles » dans une zone montagneuse plongée dans la pluie et un épais brouillard, a expliqué le chef du Croissant-Rouge, Pirhossein Koolivand.
La perspective de découvrir vivants le président de 63 ans, élu en 2021, et les autres passagers, dont le ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, s’amenuisent au fil des heures après la disparition de l’hélicoptère en début d’après-midi.
La principale autorité de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a appelé les Iraniens à « prier » et « espérer que Dieu ramènera le président et ses compagnons dans les bras de la Nation ».
« Le peuple iranien ne devrait pas s’inquiéter, il n’y aura pas de perturbation dans l’administration du pays », a-t-il assuré.
Plusieurs pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis et Koweït) ont aussi apporté leur soutien à Téhéran et offert de l’aider dans les recherches, au même titre que la Syrie et l’Irak.
La Turquie a déployé 32 secouristes et six véhicules, tandis que l’Union européenne a annoncé avoir activé, à la demande de l’Iran, « le service de cartographie de réponse rapide CopernicusEMS » pour épauler Téhéran dans les recherches.
– « Atterrissage brutal » –
L’appareil, un Bell 212, faisait partie d’un convoi de trois hélicoptères transportant la délégation présidentielle, dont deux ont atterri sans encombre à Tabriz, la grande ville du nord-ouest, d’où M. Raïssi devait rejoindre Téhéran.
Le ministre de l’Intérieur Ahmed Vahidi a évoqué la possibilité d’un « atterrissage brutal » de l’appareil présidentiel, sans donner de détails.
La télévision d’Etat a diffusé des images de fidèles en train de prier pour la santé du président dans plusieurs mosquées, dont celle de la ville sainte de Mashhad (nord-est), cité natale de M. Raïssi.
Le gouvernement a tenu une réunion d’urgence et des ministres ont été dépêchés à Tabriz, selon le porte-parole du gouvernement.
Cette réunion a été présidée par le premier vice-président, Mohammad Mokhber, qui prendrait les fonctions de président en cas de décès de M. Raïssi, en attendant la tenue d’une élection présidentielle dans les 50 jours.
– Ultraconservateur –
M. Raïssi s’est rendu dimanche dans la province de l’Azerbaïdjan orientale, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie du président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev.
Au cours d’une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien au Hamas face à Israël. « Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman », a-t-il notamment déclaré.
L’Iran a lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l’aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.
M. Raïssi, qui a le titre d’ayatollah, préside la République islamique depuis près de trois ans.
Considéré comme un ultraconservateur, il a été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d’un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l’absence de concurrents de poids.
Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d’un long manteau de religieux, il a succédé au modéré Hassan Rohani, qui l’avait battu à la présidentielle de 2017.
M. Raïssi est sorti renforcé des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l’Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.
Le président iranien s’était alors félicité d’«un nouvel échec historique infligé aux ennemis de l’Iran après les émeutes » de 2022.
Né en novembre 1960, M. Raïssi a effectué l’essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général du pays.
M. Raïssi figure sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour « complicité de graves violations des droits humains », des accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran.
Agé de 60 ans, Hossein Amir-Abdollahian a été nommé à la tête de la diplomatie iranienne par M. Raïssi en juillet 2021.
Farouche soutien des groupes pro-Iran au Moyen-Orient, ce diplomate a été proche du puissant général Qassem Soleimani, le chef de la force Qods des Gardiens de la Révolution tué en Irak en 2020 par une frappe américaine.