Lorsqu’Evgueni Prigojine et Dmitri Outkine, les deux fondateurs et leaders de Wagner, meurent dans un accident d’avion jugé suspect par des nombreux observateurs, tout change.
« On constate depuis lors une restructuration générale de la présence russe sur ces territoires. Même s’il reste 2000 ou 2500 mercenaires de Wagner qui soutiennent le régime d’Assimi Goita au Mali, les acteurs officiels, ministère de la défense et services de renseignements en tête, tentent progressivement de démanteler, fragmenter et capter l’héritage mis en place par Evgueni Prigojine dans la region » décrit Maxime Audinet, auteur du livre Un media d’influence d’État. Enquête sur la chaine russeRT (INA Éditions, 19£).
C’est ainsi que nait l’Africa Corps, par une reprise en main de ce qui avait été mis en place par Wagner par des organes étatiques. « Bien qu’elle soit encore qualifiée de paramilitaire par les officiels russes, on sait le « Corps Africa » est entièrement supervisé par l’armée et le GRU, le renseignement militaire russe. Contrairement à son prédécesseur, qui était certes soutenue logistiquement par les structures de force, mais qui disposait d’une forme d’autonomie garantie par ses fondateurs, Evgueni Prigojine et Dmitri Outkine ».
DES ACTEURS INCONTROLABLES
Cette volonté de recadrage pourrait d’ailleurs signifier que la Russie ne veut plus d’acteurs aussi incontrôlablesque Wagner, quitte à avancer à visage découvert. Après tout son invasion de l’Ukraine l’a ouvertement désignéecomme un ennemi des puissances européennes et américaine. « Il semble que « la marche de la justice » de Wagner vers Moscou a tempéré le souhait du Kremlin de s’appuyer sur ce type d’acteurs et cette flexibilité, qui lui a permis pendant un temps de faire du démenti plausible. Le pouvoir veut s’appuyer sur des acteurs plus loyaux, pas tout à fait étatiques mais sous une tutelle plus étroite. Ainsi, même si ce nouvel écosystème tente de recruter les personnels de Wagner ou des anciens du projet Lakhta d’usine à Trolls de Prigojine, notamment au Burkina Faso, certains profils ont été écartés. Comme Vitaly Perfilev, le chef de la branche militaire de Wagneren République centrafricaine, qui a été jugé incompatible avec cette nouvelle structure » analyse Maxime Audinet.
Une méfiance de Wagner rend bien à l’Africa Corps. Nombres de ses mercenaires refusent en effet de rejoindre les rangs d’une structure plus officielle, moins rémunératrice et moins ombrageuse.
Source: https://www.geo.fr/geopolitique/quest-ce-que-lafrica-corps-le-successeur-de-wagner-en-afrique-219600