Coprésidé par la France et l’Arabie saoudite, le comité des créanciers du Tchad avait estimé, en octobre dernier, que ce pays n’a pas besoin d’un allègement de sa dette pour le moment compte tenu de la flambée des prix du pétrole.
Le Fonds monétaire international (FMI) suspendra ses décaissements en faveur du Tchad au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) jusqu’à ce que les créanciers de ce pays acceptent un allègement de la dette, a annoncé, le mardi 1er novembre, la directrice adjointe du département Afrique du FMI, Catherine Pattillo.
« Nous avons déjà effectué quelques décaissements en faveur du Tchad dans le cadre d’un programme de financement, mais ne nous pouvons plus le faire jusqu’à ce que les créanciers acceptent un allègement de la dette du pays », a-t-elle déclaré dans un entretien accordé à Bloomberg.
Les créanciers du Tchad avaient estimé, le 13 octobre dernier, que ce pays africain n’a pas besoin d’un allègement de sa dette pour le moment, compte tenu de la flambée des prix du pétrole, tout en s’engageant à se réunir à nouveau au cas où N’Djamena aurait du mal à mobiliser des ressources financières.
Dans un communiqué publié par le Club de Paris, un groupe informel de créanciers officiels dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés, le comité des créanciers du Tchad a précisé « qu’aucun allègement de la dette de la part des créanciers bilatéraux officiels n’était actuellement nécessaire, étant donné la flambée des prix du pétrole depuis l’approbation par le FMI d’un programme de financement de 570 millions $ en faveur du pays le 10 décembre 2021 ».
Catherine Pattillo a, cependant, souligné l’extrême volatilité des prix du brut et réaffirmé l’importance d’un accord sur le réaménagement de la dette du pays.
« Il est vrai que le Tchad va bénéficier de la hausse des prix du pétrole, mais il n’y a aucune garantie que les prix du pétrole resteront élevés. Un traitement de la dette de ce pays est important pour fournir des assurances en cas de chute des prix du pétrole », a-t-elle précisé.
En janvier 2021, le Tchad est devenu le premier pays à demander une restructuration de sa dette extérieure de 3 milliards $ au titre du Cadre commun du G20 pour les traitements de dette. N’Djamena a conclu un accord avec ses créanciers officiels en juin 2021, mais a eu du mal à finaliser les discussions avec les créanciers privés, dont le groupe Glencore, qui détient le tiers des dettes extérieures du pays.
Au Tchad, le pétrole représente 80 % des exportations et près de 40 % des recettes de l’Etat.