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Afrique Centrale

Dromadaires du Tchad: quand un peuple du désert migre vers la ville

Prairies pour le bétail en contrepartie de produits laitiers pour les citadins.

Les éleveurs de dromadaires nomades tchadiens vivent au rythme des saisons sèches et pluvieuses. Lorsque l’eau et les prairies se font rares dans les plaines désertiques du Tchad, ces hommes partent sur les routes menant à  N’Djamena, la capitale, quêtant de quoi nourrir leurs dromadaires, bovins, ou caprins.

Toukra, un quartier de la capitale situé à vol d’oiseau du centre-ville, les accueille à bras ouverts, offre de là des paysages naturels dignes des pinceaux de grands impressionnistes et compose des symphonies pastorales inclassables.

Ces éleveurs dont l’amour du dromadaire coule dans les veines, se rapprochent autant que faire se peut des agglomérations, afin de s’approvisionner en denrées alimentaires, mais aussi pour écouler leurs produits laitiers, toujours très prisés.

Fatima, 13 ans, silhouette mince, avance sereinement vers le quartier Toukra, alors que le soleil progresse dans sa chute. Elle traine derrière elle un troupeau de méharis (dromadaires domestiqués), dont le mouvement dessine une ligne géométrique.  Elle est fière de ce qu’elle fait et aime bien le mode de vie de ses parents et ancêtres. Sans hésitation, elle accepte qu’on filme la scène (la montrant conduisant le troupeau), en contrepartie de  2000 Fcfa (4 dollars).

« Nous avons rallié Kournari (à 30km de N’Djamena vers le sud) depuis Ati (nord-est). Nous sommes à Toukra, juste pour la saison sèche» renseigne-t-elle.

Fatima n’était pas la seule à accueillir chaleureusement les hôtes de son quartier. Hamid « le chef » d’un autre camp a aussi salué les visiteurs. « Allez-y, filmez. Mais n’oubliez pas de me laisser quelque chose pour le thé », a-t-il lancé avec un large sourire lui barrant le visage.

D’autres enfants, curieux de l’arrivée « d’étrangers étrangement vêtus » à leurs yeux ont aussitôt délaissé leurs ardoises servant à leurs études à l’école coranique improvisée dans le camp, pour venir observer de plus près des gens « différents ».

Faisant état des difficultés rencontrées par ces nomades, Hamid évoque en premier lieu l’approvisionnement en eau : « c’est un calvaire quotidien qu’on vit, l’eau est une denrée rare et précieuse ici. Nous chargeons nos ânes de bidons de 50 litres et nous parcourons bien souvent des kilomètres en quête d’une eau rare ou encore d’un  fourrage pas du tout garanti».

Emettant ses regrets avec amertume, Hamid promène ses regards sur un large parterre de dromadaires allongés à même le sable. Sa pensée semble être partie dans un si lointain voyage dans le temps. Ce n’est que le vacarme de certaines motos venant chercher du lait de chamelle, « bon pour la santé »- qui l’a retiré de son songe d’été.

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