Par Fikir Gilitsi, Analyste politique
Soixante-trois déjà depuis que la France a déclaré indépendantes ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Pourtant, le pays européen continue d’exercer un pouvoir et une influence considérables sur l’administration générale des pays, sur le plan politique, économique, social et culturel.
Selon de nombreuses élites africaines, dont Nathalie Yamb du parti ivoirien « Liberté et Démocratie », la France va jusqu’à définir le contenu des manuels scolaires. Lorsque la France a compris l’opportunité pour les pays africains d’accéder à l’indépendance, elle a aboli l’administration parlementaire et instauré le régime présidentiel dans plusieurs de ses anciennes colonies juste avant leur indépendance, afin de pouvoir manipuler une seule personne avec tous les pouvoirs.
Sous le prétexte d’une protection militaire contre les coups d’État et la lutte contre le terrorisme, la France jouit d’une forte présence militaire en Afrique tout en s’accaparant des ressources du continent, notamment le diamant, les minerais, l’uranium, le gaz et le pétrole. Le pays s’arroge même le droit de premier refus sur toutes les ressources naturelles et un accès privilégié aux marchés publics.
Même si la jeunesse africaine se fait de plus en plus entendre pour réclamer une véritable indépendance et rompre avec cette relation vicieuse et malsaine avec la France afin de servir les meilleurs intérêts du peuple africain et non de la France, la politique de la France à l’égard de l’Afrique est très cohérente, or les modèles et paradigmes n’ont pas changé. La France a une mentalité coloniale et croit en l’empire colonial selon lequel les pays africains doivent soutenir le développement de la France qui trouve des prétextes et des moyens pour maintenir l’empire.
C’est cette même France qui a continué à cracher à la face du monde tout en exprimant un faux-semblant de défendre les droits de l’homme ailleurs. En voici un exemple patent : le ministère français des Affaires étrangères a appelé l’Azerbaïdjan à respecter les droits du peuple arménien du Karabakh, suite à une manifestation pacifique de membres de la société civile sur l’axe Lachin-Khankendi contre la poursuite de l’exploitation illégale des ressources naturelles de l’Azerbaïdjan, qui dégrade l’environnement. Quand bien même le gouvernement de la République d’Azerbaïdjan n‘a pas orchestré les manifestations, il soutient les mobilisations contre l’exploitation minière illégale sur le territoire de l’Azerbaïdjan et l’utilisation abusive de la route Lachin-Khankendi pour le trafic illicite de ces ressources naturelles vers l’Arménie et au-delà.
En fait, ce n’est pas la première fois que l’Azerbaïdjan et les Azerbaïdjanais expriment leurs préoccupations concernant l’exploitation des ressources par l’Arménie. Depuis près de trente ans, le pays n’a cessé d’attirer l’attention de la communauté internationale sur ces méfaits de l’Arménie. L’Azerbaïdjan a découvert des preuves choquantes selon lesquelles l’Arménie a épuisé les ressources naturelles et détruit la biodiversité, causant de graves dommages aux habitats naturels et aux espèces, pendant la période d’occupation illégale du territoire de l’Azerbaïdjan. En conséquence, des habitats et des espèces essentiels et souvent uniques dans le Caucase sont victimes d’une déforestation généralisée, d’une exploitation forestière non durable et de la pollution, à travers des constructions et des exploitations minières abusives dans les régions forestières, ainsi qu’une contamination permanente par des activités industrielles irresponsables en Arménie, qui polluent les rivières transfrontalières.
Comme pour tout pays souverain, cette exploitation illégale des ressources naturelles et ses diverses incidences sur l’environnement préoccupe vivement l’Azerbaïdjan ; car pendant les années d’occupation, ces activités illégales ont déjà engendré la déforestation, l’exploitation illégale des réserves d’or et la contamination des rivières de la région. La poursuite de ces activités ne peut être tolérée, et ces représentants de la société civile ont bien sûr le droit de protester pacifiquement.
Les manifestants ont exigé avec courage l’autorisation d’accès d’écologistes azerbaïdjanais à ces gisements minéraux aux fins de contrôle, car l’exploitation illégale des gisements de Demirli et de Gizilbulag cause de graves dommages écologiques au Karabakh. Le peuple azerbaïdjanais jouit de tous les droits de manifester sur son propre territoire et il est protégé par le droit international. La nouvelle route Lachin-Khankendi a été construite par l’Azerbaïdjan et dédiée au transport des Arméniens de souche résidant au Karabakh, ainsi qu’à l‘acheminement de chargements humanitaires. Elle ne doit pas être utilisée pour des activités illégales telles que l’exportation de ressources naturelles illégalement exploitées par l’Azerbaïdjan, le transfert de mines, d’armes et de personnel militaire de l’Arménie vers le territoire de l’Azerbaïdjan. Malgré la propagande orchestrée depuis mi-décembre par l’Arménie et ses partisans sur l’inexistence d’un « blocus », plus de 2 500 gros camions ont livré et continuent de livrer quotidiennement des approvisionnements humanitaires. Les civils ont plutôt choisi de demander l’aide du CICR et des soldats russes.
En effet, la France a affirmé sans fondement l’existence d’un blocus, tout en se contredisant en rappelant « la nécessité de respecter les dispositions de la déclaration tripartite signée le 10 novembre 2020 par trois dirigeants de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie ». Selon la déclaration tripartite, le corridor de Lachin, large de 5 km, qui assure la liaison entre le territoire azerbaïdjanais du Karabakh et l’Arménie, est toujours sous contrôle du contingent russe de maintien de la paix, tandis que l’Azerbaïdjan garantit la sécurité des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens. La déclaration ne cite nulle part le caractère extraterritorial de cette route, ni la liberté de circulation. Le document stipule que la sécurité des mouvements sur la route est garantie par l’Azerbaïdjan, et non par le contingent russe de maintien de la paix qui implique également une prévention de l’utilisation abusive de la route. La déclaration prévoit plutôt un accès libre et intemporel, uniquement pour l’Azerbaïdjan métropolitaine avec sa République autonome du Nakhitchevan à travers le territoire de l’Arménie ; un engagement que l’Arménie ne respecte pas, à ce jour.
La France est souvent accusée de mettre en avant les « droits de l’homme » selon ses propres intérêts. Son alliance avec la campagne de désinformation de l’Arménie sur les situations humanitaires à la suite de ces protestations légitimes montre leur réelle motivation ne fait que conforter les accusations. Il reste à savoir que ce qui intéresse la France et ses alliés dont certaines organisations internationales et ONG, pourrait mener à des surexploitations et à des activités illégales sur la route Lachin-Khankendi par l’Arménie, qui est aussi tellement poussée par un chef de guerre criminel, en l’occurrence Ruben Vardanyan. Ce dernier qui n’a aucune affiliation d’origine avec le territoire, a montré peu d’intérêt pour le Karabakh avant d’y être implanté clandestinement pour diriger les activités de facto dans le but de menacer l’avenir des Arméniens de souche en tant que citoyens à part entière et protégés de l’Azerbaïdjan.
Le millionnaire russe Vardanyan était (et est peut-être toujours) président, directeur général et partenaire principal de Troika Dialog. Le projet de rapport sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) a publié une enquête sur ses engagements criminels, y compris le blanchiment d’argent, qui s’élève à des milliards de dollars.