La République du Niger a demandé l’aide du Nigeria afin d’atténuer une crise aiguë de pénurie de carburant qui a paralysé le pays.
Depuis plusieurs semaines, le Niger est confronté à une grave pénurie de carburant, entraînant de longues files d’attente dans les stations-service, une flambée des prix sur le marché noir et une perturbation économique généralisée.
“Nos réservoirs sont à sec depuis trois jours. Personne ne sait quand nous serons réapprovisionnés”, se plaint Mohamed, gérant d’une station-service en périphérie de la capitale.
Dans les rues de Niamey, des Nigériens désespérés sont souvent aperçus sous un soleil de plomb, poussant leurs motos ou marchant en portant des bidons vides à la recherche d’essence.
Le Niger, bien qu’étant un pays producteur de pétrole, ne raffine qu’une infime partie de sa production. Sa seule raffinerie, SORAZ à Zinder, n’arrive plus à satisfaire la demande intérieure en constante augmentation depuis plus d’un an, selon la Société Nigérienne des Produits Pétroliers (SONIDEP).
La crise a d’abord touché certaines villes avant d’atteindre la capitale, où de nombreuses stations-service sont désormais à sec. Dans les rares stations encore approvisionnées, les automobilistes et motards attendent patiemment, tandis que les rues sont plus calmes que d’habitude.
“J’espère obtenir deux litres d’essence pour effectuer quelques courses urgentes”, confie Moussa Saidou.
Malgré des mois de tensions diplomatiques et de rhétorique hostile, les dirigeants nigériens ont discrètement envoyé leur ministre du Pétrole et de l’Énergie renouvelable, accompagné de hauts responsables de la compagnie pétrolière nationale (SONIDEP), à Abuja pour quémander une aide en carburant d’urgence.
Le Nigeria, fidèle à son rôle de “grand frère” régional, a répondu favorablement en approuvant la livraison immédiate de 300 camions-citernes vers Niamey.
La crise actuelle ne s’est pas produite du jour au lendemain. Elle résulte directement d’un affrontement désastreux entre la junte au pouvoir et les compagnies pétrolières chinoises, qui dominent depuis longtemps le secteur pétrolier nigérien.
Tout a commencé en mars 2024, lorsque la China National Petroleum Corporation (CNPC) a accordé un prêt de 400 millions de dollars au gouvernement nigérien, en échange de livraisons futures de pétrole brut. Ce financement devait aider le Niger à faire face aux sanctions économiques imposées par la CEDEAO après le coup d’État de juillet 2023.
Cependant, lorsque le moment de rembourser est arrivé, la junte s’est retrouvée à court de liquidités. Au lieu de négocier, elle a imposé une taxe de 80 milliards de dollars à SORAZ, alors que SONIDEP devait déjà 250 milliards de dollars à la raffinerie.
Lorsque la Chine a refusé d’accorder de nouveaux prêts, la junte a riposté en expulsant les dirigeants chinois du pays et en saisissant les comptes bancaires de SORAZ, aggravant ainsi la crise de carburant au Niger.
